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La prochaine frontière de la chirurgie bariatrique : l’approche magnétique du Dr Michel Gagner

Pratique novatrice | médecin | 2025

Dr Michel Gagner (Photo: Pierre Longtin)

Chirurgien pionnier et boulimique de découvertes, le Dr Michel Gagner a développé un nouveau type de chirurgie, moins invasive et plus sécuritaire pour les patients atteints de diabète et d’obésité: la chirurgie magnétique, qui utilise des super aimants pour connecter les deux parties de l’intestin.


«Je crois bien que c’est mon premier prix au Québec!» Un exploit, tant le palmarès international du Dr Michel Gagner est impressionnant. Il est en effet peu de frontières que le chirurgien n’ait pas repoussées au cours de sa carrière. «On n’est pas toujours reconnu par ses pairs, surtout quand on quitte son pays pour y revenir ensuite», relève aujourd’hui le Dr Gagner, parti de la province au milieu des années 1990 par manque de soutien à l’innovation médicale alors qu’il souhaitait développer la pratique de la chirurgie bariatrique. C’est donc de l’autre côté de la frontière qu’il deviendra le premier au monde à réaliser une gastrectomie verticale, ou sleeve, puis où il pratiquera la première opération de téléchirurgie transatlantique, entre autres.

Ce n’est qu’en 2010 que le chirurgien finit par rentrer au bercail pour finir sa carrière, avec une nouvelle marotte: la chirurgie magnétique. L’idée d’utiliser des aimants au lieu de couper et de suturer remonte à l’URSS. Le spécialiste l’a dépoussiérée dès 2007, alors qu’il enseignait à la Faculté de médecine de Cornell à New York. Il ambitionne de s’en servir pour traiter les maladies du siècle que sont le diabète de type 2 et l’obésité, du jamais vu. «L’idée, c’est d’utiliser des super aimants pour connecter le début et la partie basse du petit intestin, explique-t-il. Ça permet de créer un court-circuit qui stimule les cellules endocrines. Les hormones relâchées vont permettre d’inverser la courbe du diabète, d’augmenter la satiété et d’initier une perte de poids.»

Avec la chirurgie magnétique, les anastomoses se créent via le cycle de guérison inné du corps: elles vont se produire non pas immédiatement, à l’aide de sutures et d’agrafes au bloc opératoire comme cela se fait en temps normal, mais progressivement, en 7 à 21 jours, via la compression des tissus créée par les aimants. Le patient peut donc rentrer chez lui plus rapidement, pendant qu’elle s’opère. Les deux aimants sont ensuite éliminés par voie naturelle. «L’avantage, c’est qu’on a beaucoup moins de risques de perforation, ce qui est plus sécuritaire», précise le médecin.

«Ce qui est difficile, c’est d’aller à contre-courant, de casser les dogmes.»

Brevets en poche, il lui faudra cependant faire preuve de «persistance et de résilience» puisque ce n’est qu’en 2020, en pleine pandémie de COVID-19, que son projet voit le jour pour de bon. «Nous avons commencé les premiers tests humains en 2021, puis obtenu l’approbation de la FDA [agence de santé américaine, NDLR] en 2024. J’espère obtenir l’approbation de Santé Canada cet automne», anticipe le Dr Gagner. D’autant que le pays, et surtout le Québec, a beaucoup à y gagner selon lui.

D’abord, la portée de cette innovation, baptisée «technologie d’anastomose retardée» (DAT), s’annonce considérable, au vu du fardeau que représentent l’obésité et le DT2 – ces deux maladies concernent pas moins de quatre millions de personnes au Canada, dont un million rien que dans la province.

Ensuite, cette procédure permettrait au système de santé de faire d’importantes économies selon lui: «On diminue les complications, on soigne plus rapidement un plus grand nombre de patients sans amoindrir la qualité des soins, avec moins de temps d’hospitalisation par la suite…» Le Dr Michel Gagner en est sûr, sa pratique novatrice pourrait, à terme, compléter, voire remplacer, certains traitements médicamenteux.

Enfin, la pratique est si prometteuse que le spécialiste entrevoit une utilisation au-delà du diabète de type 2 et de l’obésité. «Cela va nous permettre de pouvoir faire de nouvelles connexions digestives dans les chirurgies du cancer, colorectale, des maladies inflammatoires, de l’estomac, des voies biliaires, œsophagiennes… Ça a beaucoup de potentiel», assure-t-il. Même si le développement des super aimants devrait prendre encore dix ans, cette technique sera bientôt utilisée partout dans le monde, comme l’a été la sleeveavant elle, prédit le chirurgien.

La diffusion internationale de son savoir est d’ailleurs, à ce jour, sa plus grande fierté – il estime avoir formé plus de 20 000 spécialistes. « C’est facile d’apprendre la chirurgie et de se contenter de faire chaque jour la même chose pendant 35 ans, observe le Dr Gagner. Ce qui est difficile, c’est de trouver quelque chose de novateur, d’aller à contre-courant, de casser les dogmes et de se faire dire par ses pairs que ce qu’on fait n’a pas d’allure. » Apprendre sans relâche, mais ne pas oublier de transmettre, pour former la relève et faire vivre les découvertes. « Créer, et convaincre, voilà ce qui me stimule. Je ne suis pas dans la routine. »